Commande de Gwenaël Morin pour le Théâtre du Point du Jour (Lyon). Création aux Nuits de Fourvière en juillet 2014.
Athéna
Toujours
Enfant de Laerte
Je te vois en chasse
A l’affût d’un stratagème contre tes ennemis
Et te voilà à rôder dans le quartier des marins
Les soldats d’Aiax
Ici à l’extrémité du camp
Tu suis sa piste depuis longtemps
Tu mesures les traces de ses pas
Fraîchement gravées dans le sol
Tu veux savoir
Là
Pas là
Eh bien tes efforts n’ont pas été vains
On croirait la marche d’une chienne de Laconie
Au nez subtil
L’homme est là
Il vient juste de rentrer
La sueur goutte de son front
Et de ses mains
Qui ont tenu l’épée pour tuer
Plus besoin de jeter des regards inquiets
Entre les deux battants de cette porte
Dis plutôt le désir qui est cause de ce zèle
Et tu apprendras de celle qui sait
Ulysse
Voix d’Athéna
Ma déesse préférée
Je reconnaîtrais ce son entre tous
Même quand je ne te vois pas
J’entends le son de ta voix
Et mon cœur bondit
Comme à l’appel d’une trompette étrusque
A la bouche de bronze
Tu m’as bien observé
Pendant que
Décrivant des cercles
Je m’approchais de celui qui me hait
Aiax qui porte le bouclier
C’est lui
Personne d’autre
Que je traque depuis un bon moment
Car cette nuit
Contre nous
Il a accompli un acte dément
Si c’est bien lui
Nous ne sommes sûrs de rien
Nous errons à l’aventure
Et l’enquête
Je l’ai voulue
J’ai pris sur moi cette corvée
Nous venons de trouver notre butin de guerre massacré
Toutes nos bêtes
Tuées une à une par la main d'un homme
Et tués aussi
Ceux qui gardaient les troupeaux
Tous accusent cet homme
Un témoin me déclare l’avoir vu
Courant seul à travers la plaine
Son épée trempée de sang
C’est un témoignage
Une preuve
Aussitôt je me précipite sur ses traces
Certaines me font avancer
D’autres m’égarent
Comment savoir si ce sont les siennes
Mais juste au bon moment
Te voilà
En toutes choses
Passées
A venir
Tu tiens mon gouvernail
Athéna
Je sais
Ulysse
Je me suis mise en route depuis un moment
Pour te seconder dans ta chasse
Ulysse
Souveraine chérie
Ai-je bien travaillé
Athéna
C’est lui le coupable
Ulysse
Mais quelle pensée
Impossible à comprendre
A conduit sa main
Athéna
Il était lourd de colère
A cause des armes d’Achille
Ulysse
Mais pourquoi s’en prendre aux troupeaux
Athéna
Il croyait plonger sa main dans votre chair
Ulysse
Quoi
Son projet était de s’en prendre aux Grecs
Athéna
Il l’aurait fait si je ne m’en étais pas mêlée
Ulysse
Mais quels plans avait-il conçus
Comment a-t-il eu l’audace
Athéna
A la faveur de la nuit
En traître
Il s’est élancé contre vous
Seul
Ulysse
Etait-il près du but
A-t-il failli accomplir
Athéna
Il était arrivé jusqu’à la porte de vos chefs
Ulysse
Comment a-t-il retenu sa main avide de meurtre
Athéna
Moi
Je l’ai retenu
J’ai jeté sur ses yeux des pensées qui l’ont égaré
Une joie dont on ne guérit pas
J’ai détourné sa marche vers les troupeaux de moutons
Et vers les bœufs surveillés par les gardes
Butin encore commun à toute l’armée
Il s’est précipité sur eux et les a taillés en pièces
Un meurtre riche en cornes
Il massacrait tout ce qu’il voyait autour de lui
Bientôt
Croyant tenir à sa merci les fils d’Atrée
Les deux chefs de votre armée
Il se précipitait tantôt sur l’un
Tantôt sur l’autre
Pour les tuer de sa propre main
Il allait
Venait
Egaré par des maladies
Des démences
Et moi je l’encourageais
Je le poussais dans les filets du malheur
Développé avec Berta