La nouvelle traduction des Exilées d'Eschyle par Irène Bonnaud, suivie des textes de Violaine Schwartz, Io 467 et Flux migratoire
" Une nouvelle traduction qui fera date. Une langue qui nous parle, nous touche, nous ébranle dans une Europe, et particulièrement une France, où les demandeurs d’asile sont souvent considérés comme des pestiférés."
Jean-Pierre Thibaudat, Zeus, Eschyle et Irène Bonnaud face aux demandeurs d'asile
De Frédéric Metz - adapté par Irène Bonnaud
Réalisation : Alexandre Planck, en collaboration avec Irène Bonnaud et Quentin Sirjac. Avec les comédiens de l'Ecole du Théâtre National de Bretagne. Enregistré en juillet 2014 dans la Cour du Musée Calvet / Festival d'Avignon.
Fictions / France Culture - à écouter ici.
Parution de Sophocle, Tragédies complètes, traduction Irène Bonnaud, et Malika Bastin-Hammou pour Antigone, tome 1 en mai, tome 2 en septembre 2022.
Lecture d'Œdipe Chef de la cité, au Festival de Châteauvallon, le 22 juillet 2021 au soir, avec Fotini Banou, Charles Berling, Alain Fromager, Jacques Mazeran, sous la direction d'Irène Bonnaud. Avec des chants grecs d'Epire et des textes de Dimitris Alexakis.
Créations par Gwenaël Morin dans le cadre des Tragédies de Juillet, au Théâtre du Point du Jour et aux Nuits de Fourvière, d'Ajax et d'Electre en juillet 2015, de La Mort d'Héraklès en juillet 2017, reprise d'Ajax et création d'Œdipe à Colone et de Philoctète en juillet 2018, ouverture du Festival d'Automne 2020. Reprise à la Maison des Métallos, en octobre 2021, avec le Festival d'Automne à Paris.
D'après le livre d'Ilias Poulos Tachkent - Mémoires en exil
Textes additionnels Dimitris Alexakis
Création le 6 mai 2017, reprise à partir du 5 novembre 2017 au KET (TV Control Center), Athènes. Représentations au festival Scènes d'Europe, Comédie de Reims, les 12 et 13 février 2018.
Au Théâtre La Commune - Centre Dramatique National d'Aubervilliers du 15 au 19 mai 2019.
Spectacle en grec surtitré.
Après la fin de la guerre civile, en octobre 1949, plusieurs milliers de combattants de l’Armée Démocratique ont été transportés, cachés dans les cales de cinq cargos soviétiques, du port albanais de Durres aux rives orientales de la Mer Noire, pour ensuite être installés à Tachkent, Ouzbékistan. C’est là qu’une cinquantaine d’entre eux ont été interviewés un demi-siècle plus tard par le plasticien et photographe Ilias Poulos, lui-même fils de combattants de l’A.D. et né à Tachkent dans les années 50.
Précieux, les témoignages recueillis par Ilias Poulos le sont car nul autre que lui peut-être n’aurait pu ou su les obtenir ainsi, à ce point nus, sans fioritures ni langue de bois. Ils paraissent étonnamment peu politiques, ces témoignages, qui disent le froid, la faim, la fatigue, l’enfance aussi - l’enfant perdu dans la forêt, saisi par l’angoisse de ne retrouver plus son chemin, l’enfant qui voit un cadavre pour la première fois, celui qui ne sait faire que faire d’armes trop grandes pour lui, chante une comptine dans la nuit pour se donner du courage ou ramasse les douilles derrière le mur de l’école.
L’écrasante majorité des combattants de « l’armée démocratique » étaient très jeunes, des adolescents souvent, des jeunes femmes aussi (20% des effectifs). Certains étaient là par conviction, pour continuer la guerre de libération, et parce que, face à la terreur des bandes fascistes, ils n’avaient d’autre choix que de rejoindre les montagnes, beaucoup presque hasard – parce qu’ils avaient été enrôlés de force ou parce qu’ils avaient suivi les copains. Une drôle d’adolescence qui aura décidé de toute leur vie, surtout pour ceux-là, éternels exilés dans leur petite Grèce des steppes d’Asie centrale.
On nous dira que le théâtre ici se fait archéologue, mais au fond, la conjuration des spectres a toujours été de son ressort. Comme dit Ilias Poulos : « Voilà des souvenirs qui surgissent de nulle part, et qui poussent comme des champignons – comment dire lesquels sont vénéneux ? ».
Depuis ma première mise en scène, Tracteur de Heiner Müller, où le passé littéralement explosait et emportait la jambe du protagoniste, mon travail théâtral a toujours entremêlé petite et grande Histoire, l’enchevêtrement de la vie privée et de la vie politique, de l’intime et du collectif. Sur les photographies, les grands portraits noir et blanc qu’Ilias Poulos a faits de ses témoins de Tachkent, chaque ride, chaque tache ou irrégularité de la peau reparaît dessiner les flancs, les crevasses, les sentiers du Grammos ou du Vitsi. « Psycho-géographie », ou comment suivre la trace des idées dans la chair.
Que reste-t-il ? Des textes solitaires en attente d’histoire. Et la mémoire trouée, la sagesse craquelée des masses menacées d’oubli immédiat. Sur un terrain où la leçon est si profondément enfouie et qui en outre est miné, il faut parfois mettre la tête dans le sable (boue pierre) pour voir plus avant. Les taupes ou le défaitisme constructif. (Heiner Müller)
Montage d’un récit pour le cinéma de Pier Paolo Pasolini (Porno Théo Kolossal dans une traduction d’H.Joubert-Laurencin) et de fragments du théâtre d’Eduardo de Filippo (dans de nouvelles traductions d’Emanuela Pace)
Mise en scène Irène Bonnaud
Avec Martine Schambacher - François Chattot - Jacques Mazeran
Collaboration artistique Katell Borvon - Costumes Nathalie Prats - Lumières Daniel Levy
Résidences de création : Lilas en Scènes - 3 décembre 2018 - 21 janvier 2019, Théâtre de Châteauvallon - scène nationale, du 18 juin au 1er juillet 2019.
Création Festival d'Avignon - spectacle itinérant - du 5 au 23 juillet 2019
Amitié - dernières dates
Les 2, 3, 4 et 6, 7 juillet 2021 au Festival d'Almada (Portugal)
Les 13, 14, 15 octobre 2021 au Théâtre National de Nice
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- 5 > 7 novembre 2019 au Centre dramatique national Besançon Franche-Comté
- 9 > 10 janvier 2020 à l’Espace des arts, scène nationale de Chalon-sur-Saône
- 27 > 28 février 2020 au Théâtre sortieOuest - EPIC Hérault Culture (Béziers)
- 12 > 16 mai 2020 au Théâtre Olympia, centre dramatique national de Tours (annulé)
- 19 > 27 mai 2020 au Théâtre des 13 Vents, centre dramatique national de Montpellier (annulé)
- les 3 et 4 juillet 2020 à Châteauvallon Scène Nationale (plein air, entrée gratuite)
- les 27 et 28 juillet 2020 au Festival de Figeac
- les 13 et 14 octobre 2020 au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon
Spectacle en tournée saison 2019-2020
Le récit écrit par Pasolini pour esquisser ce film «théologique pornographique à grand spectacle» n’a été publié qu’en 1989 en Italie et récemment traduit en français. Il raconte l’histoire d’Eduardo de Filippo (dans son propre rôle), Roi Mage qui part de Naples pour suivre l’étoile jusqu’à Bethleem. Mais bien sûr, il se trompe de direction, traverse la Rome des années 50, découvre la violence des années 70 à Milan, le suicide de la gauche et la victoire du fascisme à Paris, se perd si bien en chemin qu’au bout de mille aventures, et sans plus un cadeau en poche, il arrive en Palestine en retard, très en retard : un petit Arabe qui vend des souvenirs aux touristes lui apprend que le Christ est mort depuis longtemps, qu’il est d’ailleurs pratiquement oublié. Eduardo meurt de saisissement, ou de fatigue, et Ninetto Davoli, transformé en ange, l’emporte au ciel - où il n’y a rien.
Tout compte fait, on imagine pourquoi Pasolini, qui avait déjà tourné avec Toto dans les années 60, tenait à écrire un film pour Eduardo. C’est que ce dernier représentait une tradition artisanale, très spécifique, très régionale, celle de la comédie napolitaine, un rapport à la langue, au dialecte, qui finissait par incarner une forme de résistance au nivellement général par la télévision et la société de consommation, en laquelle Pasolini voyait, on le sait, une mutation anthropologique profonde.
« Quand il ne restera plus rien du monde classique, quand tous les paysans et les artisans seront morts, quand l’industrie aura fait tourner sans répit le cycle de la production et de la consommation, alors notre histoire sera finie. » (Pier Paolo Pasolini, commentaire pour le film La Rage, 1963)
Les premières pages de Porno Théo Kolossal donnent l’impression d’un Pasolini qui nous présenterait un ami, plus âgé, lié à une mémoire, à un passé plus ancien. Mais on le sait, tout fut autrement. Pasolini, d’une vingtaine d’années plus jeune, est mort dix ans avant son ami, et Eduardo a écrit ce poème simple et beau, où il parle des dix-huit pierres laissées sur la plage d’Ostie à l’endroit où fut retrouvé le cadavre meurtri de l’écrivain, et c’est «la foi et l’espérance» qui referme le texte, comme pour résonner avec leur projet de film commun.
Du reste, le texte de Pasolini commence par un hommage à Eduardo, prince des bas quartiers de Naples, mais prend de plus en plus l’allure d’une confession autobiographique : le premier titre du film devait être simplement Le Cinéma,- c’est dire si ce voyage avait, dans l’esprit de l’auteur, valeur de manifeste esthétique. L’étoile de Bethleem figure «l’espérance d’une vie nouvelle», dit le texte - «l’idéologie», dit Pasolini lui-même dans sa correspondance - une «connerie comme les autres, mais c’est cette connerie qui m’a permis de voir le monde», commente le personnage d’Eduardo à la fin.
Reprenant le principe du récit picaresque, du road movie qu’il avait déjà adopté pour Oiseaux, petits et gros, Pasolini construit son récit sous forme d’épisodes qui correspondent aux villes traversées : Naples, Rome, Milan, Paris, Ur. Entre chaque station, des ellipses qui permettent de jouer des scènes tirées du répertoire d’Eduardo : dans une lettre, Pasolini précise explicitement qu’Eduardo pourra lui-même ajouter-écrire à partir du synopsis et improviser au moment du tournage («Les dialogues manquent, ils sont encore provisoires, parce que je compte beaucoup sur ta collaboration, même si elle doit être improvisée en cours de tournage»).
Evidemment, ce travail n’a pas eu lieu, mais la structure épisodique, picaresque, non dramatique, du scénario nous permet aujourd’hui de procéder au collage de fragments et de pièces d’Eduardo et de nous servir de Porno Théo Kolossal comme fil conducteur, colonne vertébrale du spectacle. D’autant plus que le texte de Pasolini, écrit à l’oral, en s’enregistrant à l’aide d’un dictaphone, a toutes les qualités d’une fable, pratiquement d’un conte de Noël, adressée à un public de théâtre.
«Dès que l’Etoile se pose sur l’étable, le pauvre Roi s’écroule à terre. Il n’en peut plus ! Quelle tristesse alentour : il n’y a ni la vache, ni le petit âne, ni la maman, ni le papa, ni le bébé. Le Roi des Rois est né, il a grandi et s’en est allé : sans doute est-il déjà mort sur la croix. Là-bas, dans cette vieille étable, il n’y a que la lumière inutile de l’Etoile».
(Pier Paolo Pasolini, Lettre du 20 décembre 1968)
Textes Dimitris Hadzis / Irène Bonnaud
Mise en scène Irène Bonnaud
Avec Fotini Banou (jeu, chant)
Scénographie (sculptures) Clio Makris ou Natalia Manta, Frantzeska Boutsi / Lumière Daniel Levy / Traduction du texte français Fotini Banou / Régie générale Yannis Zervas / Apostolis Koutsianikoulis / Collaboration artistique Angeliki Karampela - Dimitris Alexakis
Production déléguée KET / TV Control Center, Athènes - Coproduction La scène nationale Châteauvallon-Liberté / Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur
Avec le soutien de l’Institut français de Grèce, Athènes
Nouvelles dates :
9 et 10 novembre 2024 au Schaupiel Leipzig (Allemagne) dans le cadre du festival Euro scene.
4, 5, et 6 février 2025 à la Scène nationale Châteauvallon - Liberté (Toulon)
Représentations passées :
Avant-premières du 15 au 17 décembre 2020 à La Commune- CDN Aubervilliers
Du 24 au 27 juin 2021 à La Commune - CDN Aubervilliers
Le 10 juillet au Festival de Chateauvallon
Les 13 et 14 juillet au Théâtre National de Nice
Octobre 2021 tournée en région Rhône-Alpes avec le Festival Sens Interdits
15-16-17 novembre à Montpellier avec le Théâtre des 13 Vents
Les 8 et 9 juin 2022 au Théâtre municipal de Ioannina (Grèce)
Les 25 et 26 janvier 2023 au Théâtre de Thessalie à Larissa (Grèce)
Les 4, 11, 18, 25 février, 4, 11, 18, 25 mars 2023 au KET à Athènes (Grèce)
Du 9 au 30 septembre 2023 au Théâtre du Soleil - Cartoucherie de Vincennes (Paris)
C’était un samedi, c’était shabbat, le 25 mars 1944, à Ioannina.
La communauté juive « romaniote » - c’est-à-dire de l’Empire romain (d’Orient), c’est-à-dire grecque - fut déportée ce jour-là par des soldats de la Wehrmacht à Auschwitz-Birkenau.
Passant des souvenirs du grand écrivain grec Dimitris Hadzis aux témoignages des survivants qu’elle tisse de chants judéo-grecs ou judéo-espagnols, Irène Bonnaud raconte, par la voix de l’actrice et chanteuse Fotini Banou, un pan méconnu de la destruction des Juifs d’Europe. Le destin du convoi grec du printemps 1944, c’est pourtant aussi « l’affaire Kurt Waldheim », les quatre photos prises par Alberto Errera des chambres à gaz de Birkenau, le manuscrit enterré de Marcel Nadjari, la révolte du Sonderkommando le 7 octobre 1944 - un samedi aussi.
Entourée par onze fascinantes figurines de la sculptrice Clio Makris, Fotini Banou, avec tendresse et ténacité, dit le deuil, mais aussi la résistance.
Le livre du spectacle C'était un samedi - chronique de la déportation des Juifs de Ioannina est disponible à la librairie du Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, du Memorial de la Shoah et aux Cahiers de Colette, 25 rue Rambuteau, 75004 Paris.
Au Théâtre National de l'Odéon - Ateliers Berthier du 13 mai au 3 juin 2022.
Commande pour une mise en scène de Célie Pauthe - Centre Dramatique National de Besançon - Franche-Comté
Ses femmes - autant de nymphes marines,
Autant de sirènes - ne la quittaient pas des yeux,
Offrant leurs courbes en guise d’ornements. A la barre
Une sirène, semble-t-il, dirige le navire. La soie des vergues
Gonfle au toucher de ces mains expertes, qui s’acquittent de leur ouvrage,
Douces comme les fleurs. De la barque,
Un parfum étrange, invisible, frappe les sens
Des spectateurs assemblés sur les quais. La cité avait jeté
Son peuple au-devant d’elle, et Antoine,
Juché sur un trône au milieu de la place du marché, restait assis là tout seul
A siffloter dans l'air qui, s’il n’y avait eu l’horreur du vide,
Serait lui aussi allé regarder Cléopâtre,
Et aurait fait un trou dans la nature.
Traduction de la pièce de Manfred Karge pour une mise en scène de Matthias Langhoff.
Avant-premières du 21 au 27 juillet 2021 au Piccolo - Espace des Arts de Chalon sur Saône. Avec François Chattot et Emmanuelle Wion.
de Hermann Broch
Nouvelle traduction Irène Bonnaud - mise en scène, scénographie, lumière Aurélia Guillet
Développé avec Berta